Archives mensuelles : décembre 2011

Le cimetière des éléphants

 Non, je ne vais pas vous parler d’Eddy Mitchell ou de films d’aventure assez anciens comme Trader Horn ou un Tarzan de derrière les fagots, avec Johnny Weissmuller. Mon propos touche le jeu de rôle, ô combien d’ailleurs.

 

What’s in a name?

 En guise de préambule, disons d’emblée que je ne suis pas dupe, et que je sais pertinemment que l’expression « Cimetière des éléphants » revêt bien souvent une connotation négative, évoquant la mise au rebut d’objets qui n’ont plus de valeur. Ce n’est pas le sens que je donne ici à cette expression. J’ai davantage en tête un grand terrain vague jonché de squelettes où se dressent fièrement, tels de grands phallus pointant leur ivoire dureté vers des cieux encore immaculés, les défenses tant recherchées, abandonnées à la convoitise sans borne de l’explorateur en quête de précieux butin, et sur lesquelles la main de l’homme n’a jamais posé son regard. Merci au maire de Champignac pour cette fin de phrase.

 

 

J’imagine le Stanley ou le Linvingstoner de passage, fébrile, fiévreux, le menton tremblant. Suant à grosses gouttes. Pris d’un balzin frénétique, comme on dirait dans mon Borinage d’adoption, à deux poils de courir amok, et d’attenter à la vie de quiconque se mettrait sur son chemin. C’est l’image que j’en ai pour les jeux de rôles, quand je ferme les yeux (mais pas trop longtemps, sinon je m’endors).

 

Une JdRthèque?

 Ce cimetière des éléphants, ce serait donc un endroit sur la Toile, où serait stocké l’ensemble des JdR et des JdRa, édités, créés, imaginés et/ou publiés (biffez les mentions inutiles) depuis que le monde est monde. Je parle bien sûr de JdR dont les droits auraient été momentanément abandonnés. Ou mis de côté. Ou dont les auteurs rassasiés et repus, vivant dans le luxe et l’opulence, accepteraient de se passer, rien que pour faire plaisir (on peut rêver). Pour les JdRa, la question ne se pose pas tout à fait dans les mêmes termes, mais presque. Tout créateur de JdRa envisage quand même de faire recette, d’attraper la floche comme sur un carrousel, de décrocher la timbale…, bref de publier son jeu, qu’il passe du statut amateur à quelque chose de pro. Et lâcher les droits, ou répandre son jeu tous azimuts, peut se révéler difficile alors qu’on entame des tractations pour une publication commerciale.

 

Bref, je ne suis pas un pro des droits d’auteur ni de leur cession, abandon ou réclamation. Peu importe comment on appelle ce genre de pratique (que la logique ou un bon sens paysan près-de-chez-vous voudrait contractuelle). Je sais simplement que c’est incontournable. Mais également qu’un bon nombre de jeux se sont gamelés ou sont tombés dans un cul-de-basse-fosse nauséabond et bien profond, suite à des tractations et des revendications (légitimes ou non) au sujets de droits, sur l’air du « c’est moi qui l’ai fait ». Tout le monde ne vit pas d’eau fraîche, c’est clair. C’est le volet le plus sensible de ce genre d’entreprise. Jetons un voile pudique. J’y reviendrai dans un autre billet d’humeur après avoir potassé la question.

 

En devenir

 Vous vous dites, génial, où est-ce ? La perspective d’un tel endroit fait autant saliver le rôliste que la clochette mettait en appétit le chien de Sergeï Pavlov. Il faut cependant vite déchanter. Cet endroit n’existe pas, hélas. Pas encore serait plus correct. Car le chantier intéresse grandement. Les réflexions aboutissent et les initiatives se multiplient actuellement à différents stades de développement.

 

L’idée d’un cimetière des éléphants vient en droite ligne, comme une extension, de l’annuaire des JdRa créé et mis à jour par Roméo Mike, sur le site de Jeux d’Ombres. Cette grande base de données regroupe 1.502 JdRa (j’ai vérifié il y a 10 minutes dans le fichier Excel). Les nouveautés sont flaggées. Ils ne sont actuellement que classés par ordre alphabétique, mais devraient dans un avenir proche être disponibles via un outil de recherche, suivant plusieurs clés de tri. Par exemple, le genre (autant que faire se peut), sa disponibilité, ou son statut. En l’occurrence, est-il encore trouvable ou a-t-il irrémédiablement disparu dans les Limbes rôlistiques, dont parfois il n’aurait jamais dû sortir (osons le dire). Est-il projet, en développement ou achevé ? Où et comment ? Qui que quoi dont où, mais où est donc or ni car… L’annuaire dans sa mouture actuelle fournit quand même le nom de l’auteur et l’endroit où trouver le jeu (s’il est toujours disponible). Il est toujours consultable à partir du site de Jeux d’Ombres, http://jeux.dombres.free.fr/spip.php?page=annuaire, et est en perpétuelle évolution. Dès lors, si vous notez une erreur, n’hésitez pas à la signaler. J’espère vous avoir mis en appétit, parce que l’interface de l’Annuaire qui va vous arriver sous peu, c’est de la pure boulette, signée Sylvain « Greewi » Dumazet à partir de la base de données de Roméo Mike. Bref, du tout bon.

 

L’idée d’une grande banque de données, sauvegarde de la mémoire, n’est pas neuve. Après plusieurs tentatives venant d’horizons divers et échelonnées sur pas mal d’années, la Garde d’Alias (le créateur de l’excellentissime Les Tigres Volants) envisage de proposer des JdR en téléchargement gratuit. Pour l’instant, j’ai trouvé porte close sur le site. Mais le forum est largement accessible. La Garde, c’est la Grande Archive Rôliste Dématérialisée. Conçue comme une plate-forme d’archivage pour JdR. Elle vise à fournir un lieu, en toute légalité, de stockage de JdR francophones. (mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ?). Tout cela via l’utilisation de licences libres (Creative Commons, et d’autres) et avec l’accord des ayant-droits qui seraient retrouvés grâce à l’efficacité et la diligence des admins de la Garde. On leur souhaite bonne chance. À ce stade, difficile d’en dire davantage. Je ne peux que vous renvoyer vers le forum, http://forums.fulgan.com/viewforum.php?f=29.

 

 

Premiers balbutiements

 A-t-on une idée du public potentiel pour ces jeux ? Ces JdR en fin de droit intéressent au moins une poignée d’aficionados, mais on peut aussi se dire que l’offre crée le besoin. Et le fait que ces jeux ont sombré (ou menacent de sombrer) dans l’oublie peut rendre leur publication gratuite plus facile. À ce stade, je ne sais pas s’il n’est pas prématuré de se préoccuper du stockage proprement dit. Des sites comme L’Arche Imaginaire ou le Cerbère.org constitueraient des partenaires de premier plan. Mais il y en a d’autres. Ou même sous la forme d’un webring.

 

Jeux d’Ombres a entamé une réflexion et, sur le principe, il y a un accord pour commencer -dans un premier temps- l’archivage de ce qui est actuellement disponible. Dans un deuxième temps, la recherche de JdRa disparus (ou précédemment hébergés sur des sites non fonctionnels) pourra démarrer. Il s’agit là d’un travail titanesque. Retrouver l’auteur ou toute personne pouvant encore posséder une version d’un jeu qui n’est plus disponible sur la Toile va requérir du temps, et une bonne dose de conviction. Patience et longueur de temps font plus que force et que rage… c’est bien connu. L’idée d’une communauté, d’un « anneau », qui prendrait en charge le stockage et l’offre gratuite de JdR, amateurs ou professionnels, peut alors aussi être considérée. Le temps est donc venu de lancer un appel, tout ce qu’il y a de plus sérieux. Que les sites se manifestent s’ils veulent en être. Plus nous serons, et plus nous serons en mesure d’assurer le futur de ces JdR, et de conserver leur mémoire.

 

Et avec ça, qu’est-ce je vous sers?

 Car c’est aussi de cela dont il s’agit. On ne stocke pas juste pour le plaisir. Ou parce que l’espace disponible est énorme et finalement peu onéreux. Ou parce que l’on trouve cela trop cool. Une démarche de cette ampleur doit avoir du sens, et s’inscrire dans la durée. Revêtir un caractère pérenne. Il faut mener la réflexion sur ce plan-là également. C’est en tout cas l’esprit qui anime l’Annuaire du JdRa. On ne peut pas se dire que tant de chemin a déjà été accompli et que le projet peut s’arrêter d’un seul coup. Les personnes qui ont porté le projet de l’Annuaire, ou celles qui mettent La Garde en place, peuvent s’investir pendant un temps plus ou moins long, mais la relève doit également être assurée. La balle est maintenant dans le camp des propriétaires de sites, mais aussi et surtout dans celui des créateurs de JdR (amateurs ou non) et des éditeurs, plus ou moins pro, de JdR. Le référencement (et le stockage qui irait de pair) ne peut se produire qu’avec le soutien (pas seulement l’accord tacite) des auteurs, de l’ensemble des rôlistes. Que veulent-ils pour leur création ? Est-ce que les choses doivent se présenter obligatoirement dans des termes aussi manichéens que « La Gloire ou l’Oubli » ? N’accepteront-ils de participer que pour autant que leur œuvre n’ait pas d’ouverture commerciale ? Ou apporteront-ils un soutien, même conditionnel, pour que l’entreprise décolle ? Regarder les bâtisseurs de cathédrales en disant « C’est chouette mais je vais attendre qu’ils montent le clocher pour participer », ce n’est peut-être pas l’attitude la plus appropriée, à mon avis. Il me semble que les marges de manœuvre sont suffisamment larges pour contenter tout le monde.

 

Et maintenant?

 Jeux d’Ombres a pour habitude de ne parler que de jeux amateurs. La ligne éditoriale est assez stricte (même si cela revient parfois à scier la branche sur laquelle nous sommes assis). Mais parfois, un jeu devenu pro peut faire l’objet d’un article, d’un scénario ou d’une aide de jeu, pour peu qu’une version du jeu publié existe encore sous une forme gratuite et amateur. Et le cas se présente. Ce genre de gentleman’s agreement peut servir comme bottom line d’un cimetière des éléphants rôlistique.

 

Ensuite, un tel outil peut prendre des formes multiples. Cela va de la simple collection de liens redirigeant le visiteur vers le site de l’auteur où est localisé le jeu à un réel espace de téléchargement, sur le mode d’une JdRothèque où les jeux seraient « physiquement » disponibles. Avec tout ce que cela implique de positif et de négatif. Le nombre de visites, de téléchargement pour chaque jeu, serait connu. La charge de maintenance et le coût du site devraient incomber à quelqu’un. Ce ne sont que quelques exemples.

 

La clé de voûte d’un tel Grand Œuvre est constituée par l’information et son partage. C’est la première fonction d’un tel espace réservé. Mais les caractéristiques techniques du stockage, le côté pratique informatique, les détails concrets en soft- ou hardware sont pour plus tard. Enfin, c’est mon avis, et non pas la position des différentes initiatives auxquelles j’ai pu collaborer.

 

D’abord, il faut s’entendre sur le principe. Collecter les bonnes volontés. Et créer une dynamique autour de l’initiative. Que la nouvelle se répande.

 

Alors, à votre bon coeur, m’sieurs, dames.


2011, année ludique

A cinq jours de la fin de l’année (et à un an de la fin du monde), l’heure est aux récapitulatifs, aux coups d’œil dans le rétro. Vous trouverez des retours sur l’année écoulée dans tous les magazines, à la télé, en radio, alors pas de raison que l’art de la table fasse l’impasse sur cette tradition. Voici donc, mois par mois, ce qui a fait l’actualité ludique en 2011…

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Janvier

TengaL’année commençait en force! Avec la sortie de Tenga, déjà encensé par ailleur, l’éditeur John Doe et son auteur Jérôme « Brand » Larré marquaient 2011, et plus généralement le jeu de rôle de création française de leur empreinte. Tenga marquait sur deux points: son contexte (le Japon de la fin du XVIe siècle) décrit avec passion et synthèse et son système de jeu portant le personnage au centre de l’action, le mettant face aux conséquences de ses choix. Système qu’il serait possible de réutiliser pour d’autres jeux sans trop d’effort.

Outre Tenga, janvier voyait aussi la sortie du Manuel des armes pour l’Appel de Cthulhu chez Sans Détour. Le supplément divisait la communauté. D’aucuns remarquaient qu’un tel niveau de détail sur l’armement n’avait que peu d’intérêt dans une partie d’AdC, tandis que d’autres mettaient en avant la complétude de l’ouvrage, utile pour tous les maîtres de jeu soucieux d’apporter un peu de réalisme dans leurs parties, quel que soit le jeu. A classer avec Forensic, Profiling & Serial Killers dans la même gamme. Ce dernier étant quant à lui totalement indispensable dans une ludothèque, voire dans la bibliothèque des fans de NCIS, CSI ou Criminal Minds. Le même mois voyait la sortie le Carnet du Survivant pour Z-Corps et de Shade, que ma gentillesse proverbiale m’empêche de critiquer…

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Février

Les zombies de Z-Corps continuaient leur offensive en février avec la sortie de 8 semaines plus tard. Je ne peux guère en parler, car ma phobie des cadavres qui bougent m’oblige à faire l’impasse sur cette gamme. On voyait aussi débarquer Innsmouth dans la gamme de l’Appel de Cthulhu, supplément vous permettant de jouer l’événement fondateur de Delta Green, par exemple. Et au milieu de tas de petites choses, on découvrait aussi l’écran de « Deluxe » pour D&D4, un petit bijou mis à jour du côté tableau avec une illustration « qui déchire » signée Wayne Reynolds.

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Mars

Le printemps n’arrêtait pas les zombies du 7e Cercle, avec la sortie du Manuel du Contrôleur pour Z-Corps, équivalent au Carnet du Survivant mais cette fois pour des personnages combattant la menace au lieu de simplement la fuir. Outre les Ombres de Yog-Sothoth pour l’AdC et de Peplum Soda, c’est une curiosité qui retient notre attention: Aspect. Il s’agit d’un « hack » de D&D4 qui en reprend les forces sans s’encombrer des détails qui ennuyaient l’auteur. Au final c’est une bonne solution pour du med-fan tactique qui ne voudrait pas passer par le D&D4 complet. On regrette évidemment l’absence de contexte de jeu. Intéressant pour les techniciens des donjons…

Mais évidemment, l’événement essentiel de la planète ludique en ce beau mois de mars 2011, c’est la naissance de l’Art de la Table, un blog si beau si fort qu’il peut même vous soigner votre mauvaise haleine et mettre KO Chuck Norris…

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Avril

L’événement d’avril est sans nul doute l’arrivée en français de la quatrième édition du Livre des Cinq Anneaux. un ouvrage magnifique au papier glacé couvert de magnifiques illustrations. Un contexte de jeu remis à zéro permettant au néophyte d’enfin s’y mettre sans crainte, et un système de jeu rééquilibré, bien qu’il reste complexe par endroits. Notons également le sursaut de D&D4 avec Heroes of Shadows (déjà critiqué sur ce blog) et la sortie inattendue de Weight of Years une campagne pour AmnesYa 2K51 qui vient malheureusement trop tard pour relancer l’intérêt du jeu.

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Mai

Delta GreenUn gros morceau que le mois de mai. Dans un ordre aussi aléatoire que décousu, nous avons eu droit à…

Delta Green. La nouvelle traduction augmentée de Sans Détours est un véritable must, une bombe ludique à la fois liée à l’Appel de Cthulhu et un jeu indépendant. Le contexte n’est pas brossé, il est présenté dans les détails, et malgré tout il reste passionnant à lire. Delta Green est aussi une somme d’informations considérable sur les agences gouvernementales américaines. Un incontournable, qu’on veuille jouer avec le Mythe ou juste toucher aux conspirations. L’outil idéal pour une campagne à la Fringe, par exemple.

The Shadowfell. Un supplément pour D&D4 qui nous détaille par le menu le plan de Gisombre, pendant tortueux et ténébreux du monde réel. Un véritable campaign setting à lui tout seul pour jouer à D&D dans une environnement sombre à souhait.

Dés de Sang. Un jeu court qui nous plonge dans les années 70 aux USA. Le thème est très focalisé puisque le jeu met aux prises les personnages avec des tueurs en série et propose un système de jeu qui permet de simuler la montée progressive de l’angoisse des films comme Massacre à la tronçonneuse, Saw ou The Hills Have Eyes.

Sombre. Avec un thème quasiment identique au précédent (si ce n’est la période plus contemporaine), Sombre permet également de jouer des one-shot où les personnages seront confrontés aux petits copains de Jason, Freddy et Michael Myers.

Les Mille Marches. Le dernier né de John Grümph chez John Doe. Motorisé par Cheap Tales (déjà évoqué plus tôt), les Mille Marches proposent un multivers cohérent, une cosmogonie qui vous permettra de faire jouer tant des aventures de cape et d’épée aux côté de d’Artagnan que du James Bond ou du Star Trek. En effet, les marches évoquée par le titre sont autant d’univers parallèles reliés par les brumes. Une marche est en fait une scène où peuvent se dérouler des histoires. Sky is the limit, donc, dans ce jeu. Le livre de base propose une première marche, Oropa, sorte d’utopie de gauche où le territoire de la Belgique serait devenu le dernier refuge de ceux qui refusent le diktat des règles économiques européennes. Une campagne haute en couleur faisant des personnages des protagonistes de premier ordre de la marche est également proposée. Le tout avec Cheap Tales comme système, et les Musar comme cerise sur le gâteau. Ces outils seront évoqués dans un prochain article tant ils méritent plus de place.

Le Guide du Monde pour le Trône de Fer. Si vous adorez les romans, ce supplément est une véritable encyclopédie. Si vous jouez au jeu de rôle, vous voilà face à un supplément indispensable. Et avec la série qui déboule ces jours-ci, plus d’excuse pour ne pas arpenter Westeros.

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Juin

Juin ne fût pas mal non plus. Evoquons tout d’abord Threats to the Nentir Vale, un bestiaire spécifiquement destiné au contexte de base de D&D4. Quand on entend bestiaire, il faut savoir que nous avons ici une boîte contenant l’ouvrage, mais également les pions prédécoupés de toutes les créatures. Sans doute le meilleur bestiaire pour D&D4, un complément idéal au Monster Vault de la gamme Essentials.

Le Monastère de Tuath est un supplément pour les Ombres d’Esteren qui propose un lieu à découvrir ainsi qu’un gros scénario s’y déroulant, rappelant par son ambiance le Nom de la Rose. Du matériel sublime, comme toute la gamme des Ombres, d’ailleurs.

Juin voyait aussi la sortie de Wasteland, que j’évoquais à l’époque. Une demi réussite. Un système de jeu moins original qu’il essaye de nous le faire croire, un contexte patchwork aux inspirations nombreuses. Peut-être les suppléments remettront-ils les pendules à l’heure d’une des déceptions de l’année.

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Juillet

Pour le plus fort de l’été, je n’évoquerai que Countdown, le supplément pavé pour Dela Green. Avec Countdown, le contexte du jeu devient international, avec un gros plan sur le Royaume Uni. De nouvelles factions sont évoquées, les agences gouvernementales de nombreux pays sont présentées, et on a même droit à des scénarios. Plus de 400 pages de bonheur…

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Août

Deathwatch marquait le mois d’août. Troisième jeu de la gamme Warhammer 40K, Deathwatch vous propose d’incarner les membres de cette force spéciale des Space Marines. Formez votre Kill-team et foncez faire des trous dans les ennemis de l’empereur! On Mighty Thews est l’autre jeu qui a marqué l’été, avec ses mécanismes narrativistes que d’aucuns voient comme une évolution majeure. Plus de retours quand j’aurai longuement posé mes yeux dessus.

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Septembre

L’événement du mois de septembre, c’était la sortie de l’édition 20e anniversaire de Vampire: the Masquerade. Ce jeu avait clairement marqué le début des années 90 avec son ambiance unique et son contexte à tiroirs. Cette édition ultime reprend tous les clans et les erratas des règles. Vous ne le trouverez pas en boutique, mais soyez sûrs que des exemplaires finiront sur e-bay très bientôt. En 2012 nous verrons le même type de réédition de Loup-Garou:  l’Apocalyspe, et probalement que Mage aura la sienne en 2013…

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Octobre

On évoquait Warhammer 40K en août, et revoilà la gamme en octobre avec un quatrième jeu, au départ non prévu: Black Crusade. Ce dernier vous propose ni plus ni moins de jouer les méchants, les forces du Chaos. Octobre voyait aussi l’arrivée de deux écrans: l’un pour Delta Green (splendide) et l’autre pour l’Appel de Cthulhu, édition 30e anniversaire (moins splendide, dirons-nous)…

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Novembre

Delta Green encore, avec la traduction inédite de Eyes Only. Troisième et normalement dernier ouvrage de la gamme chez Sans Détour, Eyes Only nous offre des informations détaillées sur les Mi-Go et sur la Destinée, le tout enrobé d’excellents scénarios. Un sans faute pour cette gamme. Heroes of the Feywild emmène vos personnages de D&D4 en féérie, plan parallèle baigné de magie. Pendant de Heroes of Shadow, il offre de nombreuses options intéressantes aux personnages.

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Décembre

On a beaucoup parlé des Ombres d’Esteren en décembre, avec la sortie d’un kit de démarrage intitulé « 0: Prologue« . On peut s’étonner de la sortie d’un tel kit bien longtemps après le livre de base, mais cela pourra peut-être donner un second souffle à la gamme. Les Mille Marches nous offrent également leur premier supplément (Stormchasers) constitué d’un écran et de son livret. Enfin, comment passer à côté de l’arrivée en français de Warhammer 3e édition, dont nous reparlerons forcément très bientôt…

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Mon top 5

Pour clôturer, voici le top 5 des arrivées dans ma bibliothèque cette année:

  1. Tenga
  2. Delta Green
  3. Les Mille Marches
  4. Threats to the Nentir Vale (D&D4)
  5. Le Guide du Monde (Le Trône de Fer)

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Rendez-vous en 2012…


Casus revient parmi les siens…

N’est pas mort ce qui à jamais dort. On nous l’annonçait en juillet, la troisième mouture de Casus Belli avait plus d’un pied dans la tombe. Mais Black Book Editions arrivait à la rescousse et réveillait le moribond en nous promettant une quatrième incarnation du magazine pour l’automne. Les infos sont ensuite tombées au compte-goûte: le Casus nouveau serait bimestriel, il serait au format mook, il compterait 224 pages, euh, non, finalement 256, il verrait le retour de Kroc le Bô, etc. Aujourd’hui il est là, tout beau, posé devant moi, et comme je suis très sympa, voici une revue complète du contenu de Casus Belli #1, quatrième du nom…

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Commençons par le coup de gueule

Comme ça ce sera fait.

Si j’ai reçu le numéro 1 gratuitement, c’est parce que j’étais abonné à la troisième mouture du magazine. Black Book annonce dans une lettre qu’à ce geste s’ajoute l’envoi gratuit d’un jeu de leur écurie (Midnight, Dawnforge, Pathfinder) si je décide de m’abonner. Alors je fonce sur leur site et là, que vois-je avec horreur? L’offre est réservée à la France métropolitaine! Les autres devront acheter chaque numéro séparément et s’affranchir des frais de port de… 17 euros! Il me faudra donc acheter un magazine à 9,50 euro et ajouter des frais exorbitants. Et bien sûr, le cadeau offert aux anciens abonnés me passe sous le nez. Me voilà donc devant 3 options: me contenter d’un Casus en PDF à 4,50 euros (mais qui veut lire un mag en PDF?), m’arracher un rein et acheter le magazine pour la modique somme de 26,50 euros, ou bien juste laisser tomber… Il y a là un effort à faire du côté de Black Book, car j’imagine mal un grand nombre de Belges et de Suisses arrêter de manger à leur faim pour leur magazine de jdr, fut-il Casus Belli…

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Revenons à nos moutons

Passons sur la couverture décevante: une illustration tirée de Pathfinder. Ce n’est pas qu’elle soit moche (c’est du Wayne Reynolds tout de même), mais j’aurais préféré une illustration originale. Certains craignaient que le magazine appartenant maintenant à Black Book, son contenu soit orienté vers les jeux qu’ils éditent. S’ils ont tenté de rassurer sur ce point, le choix d’une couverture de Pathfinder laisse planer le doute…

L’édito de Guisérix et Gallot revient sur le parcours chahuté de Casus et est accompagné d’un historique pour ceux qui n’auraient pas suivi le soap opera depuis 1980. Viennent ensuite 24 pages d’actualité. On y trouve les sorties annoncées, les gammes qui s’arrêtent et un long reportage sur la GenCon d’Indianapolis accompagné d’une interview de Peter Adkinson. organisateur de l’événement (et accessoirement créateur de Magic: l’Assemblée et fondateur de Wizards of the Coast). Tout ce que vous savez déjà si vous suivez l’actu rôliste sur le net se retrouve dans ces pages: Warhammer 3, Pendragon, Icons, Fading Suns, The One Ring, Guts, etc. Bon point, certaines actus sont accompagnées d’interviews, et Monghol et Gotha nous régalent de leurs bêtises, tout comme autrefois. bien sûr je n’y ai pas appris grand chose, mais pour quelqu’un d’un peu plus normal que moi, qui ne passerait pas son temps sur divers forums et à écumer les sites des éditeurs, tout y est, bien présenté et complet !

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Critique !

Vient ensuite un gros morceau, près de 60 pages de critiques des dernières nouveautés. On commence avec l’édition 30e anniversaire de l’Appel de Cthulhu. Développée en quatre pages, elle est suivie fort à propos par un passage en revue de la pléthorique gamme poulpique que nous propose les éditions Sans-Détour. Les autres critiques grand format concernent Deatwatch, la 4e édition de L5A, Cthulhutech, Wasteland, Fantasy Craft, Mer Intérieure pour Pathfinder et les Mille Marches. A noter qu’ici encore certaines critiques sont suivies de l’interview d’un auteur du jeu, ce qui approfondit encore le propos. Un très bon point. D’autres critiques suivent, sur deux pages pour les premières, sur une seule ensuite et enfin sur une colonne. A la lecture de tout cela, on se sent transporté dans les années 90 avec un bon vieux Casus entre les mains. Les critiques sont complètes, argumentées et portent la marque de Casus, parois décriée: le ton neutre bienveillant.

Vient ensuite l’étagère du rôliste. Une vingtaine de pages composées de critiques et d’infos sur les loisirs apparentés au jdr: littérature fantastique, jeu vidéo, jeu de plateau et même cinéma et BD. Un coup d’œil intéressant sur ce qui fait ailleurs qu’à la table.

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Les scénarios

Pas de CasBé sans scénar. Ce premier numéro n’en compte pas moins de 6! Pathfinder, l’Appel de Cthulhu, Chroniques Oubliées, Wasteland, L5A et Mississipi sont mis à l’honneur. Je ne vais pas critiquer les scénarios, puisque je ne lis jamais un scénar avant d’avoir besoin de le faire jouer. Mais il y a deux noms qui pourraient laisser penser que nous avons droit à de la qualité: Croc (oui oui, celui d’INS/MV, Bitume et Bloodlust) et Tristan Lhomme (oui oui, celui à la centaine de scénarios publiés).

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Chroniques oubliées

Si Mega et Simulacres étaient nés dans un magazine, c’était à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre. C’est donc avec un brin de surprise qu’on découvre un jeu complet dans ce Casus Belli. Chroniques Oubliées avait déjà été publié en juin 2009 par Black Book. Il s’agit d’un système d’initiation dérivé de la troisième édition de D&D sous licence OGL. Un système d20 « light », en quelque sorte. Le jeu est aujourd’hui totalement publié dans le magazine, et servira de système de référence pour certains scénarios, comme Simulacre le fut à une autre époque. Dans le numéro 1, on trouve donc le système dédié à la fantasy classique. Le numéro 2 verra lui les règles adaptées à d’autres univers (space-opera, horreur, etc.). Le système est brossé en 10 pages, l’univers en 18 pages (mais il s’agit surtout d’une description des classes, on ne peut pas réellement parler d’univers de jeu), et les conseils au MJ en 7 pages. Cette dernière partie indispensable pour tout jeu dit « d’initiation » tombent fort à propos. Le tout se termine par une mini scénario d’introduction.

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Aides de jeu

Il y a toujours eu des aides de jeu dans Casus. Cette nouvelle version ne déroge pas à la règle. Nous avons droit ici à la description détaillée d’une auberge, avec plans, PNJ et intrigues en cours. Pas le plus transcendant qu’on ait jamais vu, mais très utile, dans sa totalité, ou pour obtenir un plan d’auberge cohérent et joli sans se casser la tête. Vient ensuite un court article « PJ only » qui a pour but d’aider les nouveaux joueurs à créer leur premier personnage. On est ici dans l’archi-connu, le déjà dit par ailleurs, mais c’est bien tourné. Les trois articles « MJ only » qui suivent donnent d’abord quelques conseils sur la façon de rassembler le groupe de PJ. Le second couvre l’aspect de la linéarité des scénarios et offre des pistes pour s’en sortir. La première partie de l’article avait été proposée dans le dernier Casus avant le fumble. Il est ici présenté dans son intégralité. Nous avons là un excellent article qui correspond à la qualité à laquelle Brand nous habitue. Le dernier article offre des recommandations sur ce qu’il faut prendre en compte avant d’offrir un objet trop puissant à un PJ.

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C’était mieux avant

Vient ensuite une rubrique « retro » qui plaira aux vieux de la vieille. Une très belle interview de François Marcela-Froideval, fondateur de Casus Belli en 1980 qui nous raconte comment il jouait avec Gary Gygax (je vous fais pas l’insulte de le présenter). On nous présente ensuite la première traduction (non-officielle) de D&D datant de 1982 et enfin un retour sur plus de 30 ans de Casus Belli.

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C’est bientôt fini

Il ne reste que quelques pages. On découvre une courte nouvelle féérique. Y aura-t-il ce genre de récit dans chaque numéro, ou sommes-nous là en face d’un remplissage, l’avenir nous le dira. Ensuite quelques réflexions sur l’avenir du jeu de rôle et ses évolutions ratées et enfin un concours: décrivez un ouvrage impie pour l’Appel de Cthulhu, et soyez publiés dans CasBé numéro 3!

Avant-dernière page, la rédaction nous allèche sur le contenu du prochain numéro, et utilise là une arme classique: la Bellaminette (ma foi bien en forme). Et enfin, on nous l’annonçait en couverture, la dernière page est occupée par Kroc le Bô.

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Et alors?

Bon, première impression, ce Casus Belli au format mook marque des points. La maquette est à la fois classe et claire, colorée. Le tout est agréable à lire, bien cadencé, bien foutu. CasBé frappe donc fort pour son coup d’essai. Il redevient, dès aujourd’hui, la référence de la presse rôliste francophone et n’a rien à envier à ses ancêtres. Il ne lui reste qu’à trouver un moyen de s’exporter à prix raisonnable hors de France, et le gâteau aura sa cerise.