Archives mensuelles : décembre 2015

Journal d’un démon en campagne

Je ne sais pas si vous aussi vous l’avez remarqué mais en cette période de fin d’année, il est de bon ton de faire des bilans. On voit fleurir sur tous les blogs des bilans en tous genres : les livres que nous avons lus et aimés ou détestés, les articles que nous avons rédigés et qui ont eu leur petit succès, les jeux auxquels nous avons joué et les promesses que nous n’avons pas tenues pour des raisons toutes plus valables les unes que les autres.

Je me suis donc dit qu’il serait peut-être bien de poser ma main sur ma tête et de faire le bilan non pas de cette dernière année de jeu de rôle mais de mon évolution en tant que joueuse.

Et là, je dois être honnête et vous confesser une chose affreuse… J’ai mis le doigt dans un engrenage qui me dépasse… J’ai des péchés en vrac qui me trainent aux guêtres. Je pourrais dire que tout n’est pas de ma faute. Je pourrais par exemple dire que tout ça, c’est la faute de mon ami Etienne, après tout, c’est lui qui a fait les propositions de jeux… Je pourrais dire que j’ai dû m’incliner face à la majorité. Mais… Mais, ce ne serait pas honnête. Et si je suis devenue un être trouble en perdition, je veux garder ma dignité et ne pas renier ce que je suis devenue : un démon !

Rien moins que ça !

Et oui, mes amis ! Que cet article vous serve et vous mette en garde : lorsqu’on fait du jeu de rôle, on ignore parfois jusqu’où on sera entraînés. Pour ma part, j’ai débuté dans la peau d’une gentille demi-elfe druidesse enfonceuse de portes et tueuse de rats pour me repaitre à présent des malheurs de la race humaine. Une fois par mois, j’ôte mes oripeaux de dame bien élevée pour laisser parler la bête qui sommeille en moi. L’odeur du soufre m’exalte, les cris d’agonie me réjouissent et les relents de mal sont seuls susceptibles d’éveiller mes appétits.

A ma décharge, ma déchéance fut progressive. Lorsque nous avons lancé la partie d’In Nomine Satanis, j’avais quelques remords. On m’entendait contester des décisions : « On ne va quand même pas bousiller la vie d’un gamin de 12 ans ? Sans blague, les gars, c’est horrible ce que nous envisageons de faire ! ». Je jure solennellement que j’ai poussé de hauts cris lorsque mes camarades ont émis l’idée d’envoyer des petits messages de harcèlement sur son mur facebook. Et vraiment, cela m’a posé des problèmes de conscience ! Je ne suis pas parvenue à m’éclater lorsque notre stratégie aussi machiavélique que bien huilée a porté ses fruits et que le gamin en question a enfoncé le porche de son école avec la moissonneuse-batteuse de son papa, provoquant la mort du gardien. La lutte intérieure m’agitait en permanence. Au point que je me risquai, imprudente, à raconter mes péripéties en dehors du cadre des initiés. Mal m’en a pris. Les regards de mon entourage se sont teintés de commisération pour l’être que j’étais devenue. Vous n’imaginez pas comme il est difficile de supporter cette pitié qui suinte à votre égard lorsque vous vous égarez dans des confidences sur vos passe-temps du mois. Comme si je déballais ma petite vertu aux yeux de tous et qu’il fallait me remettre sur le droit chemin. J’ai ainsi expérimenté les regards épouvantés et surtout emplis d’incompréhension : mais comment peut-on tomber si bas ?

J’aurais pu – j’aurais dû – m’arrêter là et dire à mes compagnons : « Stop, on change de jeu ! ».

La vérité est que je m’amusais trop : j’ai pris goût au sang, à la ruse et à la fréquentation de mes potes démoniaques. Et je m’esclaffe grassement en proposant d’éclater les rotules du pauvre gars qui a eu le malheur de se mettre en travers de notre chemin.

Ai-je des circonstances atténuantes ?

Ben, d’abord, je suis un démon. Ça n’aide pas à avoir d’états d’âme, je trouve, personnellement. Et puis, je fais partie d’un groupe vraiment sympa. Ça crée des liens, je m’en voudrais de les laisser tomber.

Et puis, en y réfléchissant bien, je ne nous trouve pas si affreux que cela. Tenez, à nous 4, nous avons réussi à stopper Jack l’éventreur, revenu d’entre les morts par une porte dérobée, et capable de prendre possession d’humains faibles et débiles pour tuer à qui mieux mieux.

Ah ! C’est pas rien ça, non !

Vous voulez une autre preuve que nous ne sommes pas si infernaux qu’il y parait ? Soit.

Depuis quelques temps, nous travaillons en partenariat avec des anges. Bon, c’est la honte, ils puent et sont vraiment chiants mais c’est bien une preuve que notre œuvre n’est pas si condamnable que cela, non ?

Et puis, mes collègues de travail font preuve d’un tel enthousiasme dans l’exercice de leur mission, ils sont parfois dotés de traits de génie qui forcent mon admiration et mon respect : la dernière fois, par exemple, l’un d’entre nous s’est métamorphosé en sosie pour nous permettre de régler son compte à un fou furieux. Ah, ce n’est pas donné au premier venu, ça vous épate, hein !

Alors, oui, je le clame haut et fort : c’est trop cool d’être un démon ! Ca pêche, ca se gondole, ça se fritte avec des costauds. Et plus le temps passe, plus j’aime ça. Le fait que nous n’ayons plus croisé d’enfants sur notre route m’aide peut-être. Bon, oui, c’est vrai, il y a eu des mariés explosés pour la cause, mais on ne va pas non plus en faire un fromage, quand même ?! Non mais c’est vrai quoi.

Ah oui, pour terminer cette confession, je dois encore admettre une dernière chose : à partir de janvier, j’endosse en plus le rôle d’une naine prêtresse dans Pathfinder. Je vous tiendrai au courant, promis. Mais je peux déjà vous dire un truc : les dés restent mon pire ennemi. C’est pour ça que j’aime INS, que des dès 6, c’est trop de la balle ! Comment ça, je cause ringard ???? Et mon poing dans ta g… tu veux voir s’il est ringard ?

(Oups, sorry, une rechute, toutes mes confuses !…)

Allez, joyeux Noël et bonne année à vous 🙂