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Petit JdRA deviendra grand JdR

 
Ou la mue et perte du « A »

Poursuivons notre tour d’horizon des jeux de rôle amateurs. Sans le savoir, vous détenez peut-être entre vos mains un ancien JdRA. Ils sont nombreux à avoir franchi le cap, à avoir emprunté les chemins escarpés (voire parfois interminables ou fastidieux) de l’édition, car ce n’est pas une mince affaire. Mais les éditeurs ne s’y sont pas trompés et ont déniché de véritables pépites qui une fois quelque peu débarbouillées étincellent de qualité.

La plupart de ces jeux ont fait une entrée et un passage distingués et remarqués à la mémorable CJDRA, dont je vous parlais récemment. La Convention du Jeu de Rôles Amateur était une convention qui s’est tenue à de nombreuses reprises sur Paris et qui avait pour but de présenter à un plus large public (souvent averti faut-il l’avouer) des JdRA connus et présentés sur le Web. Les auteurs et autres fans pouvaient présenter leur jeu et proposaient une table lors d’une bourse de scénario où ils faisaient le plein (ou non) de joueurs intéressés, intrigués.

Sans plus attendre, voici les JdR qui ont perdu leur « A »…

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Pavillon noir (octobre 2004) chez Black Book Editions

Ce JdRA avait déjà attiré l’attention d’un bon nombre d’internautes par le considérable volume d’informations que sa version amateur comportait. Jugez plutôt : un bon millier de pages !

La qualité documentaire de ce jeu n’avait pas échappé à feu Yeti qui en avait acheté les droits. Ce fut finalement Black Book Editions qui reprit les droits et édita, en octobre 2004, le livre de base. Bon nombre de suppléments allaient suivre dont celui consacré à l’escrime qui peut faire office d’ouvrage de référence en la matière ; une particularité de contenu extrêmement documenté qui montre toute la qualité et la renommée de Pavillon Noir, qui rappelons-le, traite essentiellement de corsaires et de piraterie.

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Exil (avril 2005) chez Edge Entertainment (ex-Ubik)

Ce jeu a été au départ rédigé et créé par Emmanuel Gharbi. Par la suite, après l’engouement et l’intérêt qu’il avait suscité lors d’une CJDRA, un studio s’est formé autour de lui. Ainsi est né Ballon-Taxi où l’on a vu graviter Le Grümph, Antoine Bauza, Kriss, Matthieu Gonbert et Cécile Maurin-Costard notamment.

Par la suite, plusieurs autres jeux ont été développés via ce modèle de studio, tels Forges Songes, Nuit blanche, etc. Un pool d’auteurs, rédacteurs, illustrateurs, testeurs et relecteurs tous au service d’un jeu.

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Contes ensorcelés (septembre 2005) au 7e Cercle

Le jeu bénéficiait déjà d’un large public et d’une excellente notoriété via notamment le site du SDEN où il était hébergé. De nombreuses personnes y jouaient, quantité de scénarios et d’aides de jeu étaient régulièrement proposés, une communauté très active gravitait autour de P’tites sorcières (c’était là son nom à l’époque). Ce jeu de rôles d’Antoine Bauza finit par attirer l’attention de l’éditeur du 7ème Cercle. Je le sais bien, j’y étais.

En effet, lors du Brussels Game World en 2003, une convention organisée à Bruxelles par le magasin de l’Antre-Jeux, je présentais P’tites sorcières en table découverte pour un large public, notamment composé de jeunes joueurs. J’ai souhaité profiter de la présence du 7ème Cercle pour leur en parler. Ils étaient intéressés, ils cherchaient justement à éditer un jeu dédié aux plus jeunes, pour la découverte du jeu de rôle. Par la suite, d’autres initiatives du genre ont vu le jour avec la parution notamment des Chroniques Oubliées (BBE) ou Adventure Party (XII Singes). Nous avons longuement discuté du jeu et du jeu de rôle en général pour qu’ils m’annoncent leur décision de prendre contact avec l’auteur pour concrétiser et développer la chose. J’ai notamment participé à la relecture finale du jeu qui a pris quelques temps avant de voir le jour et qui s’est vu doté d’un supplément par la suite.

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Crimes (septembre 2006) aux Ecuries d’Augias

Crimes aussi connut ses débuts et ses premiers émules et fans inconditionnels lors d’une CJDRA. Yann Lefebre embrigada à cette occasion Christophe « Victorio » Chaudier. Le jeu allait finir par sortir grâce à une souscription grandement soutenue par ses fans de la première heure, provenant de la Toile. La gamme s’étoffe très régulièrement, notamment de suppléments scénarios-univers dédiés.

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Patient 13 (mai 2007) chez John Doe

Sorti de l’esprit d’Yno* dans un premier jet qui faisait à peine une quinzaine de pages pour jouer quelques heures seulement, Patient 13 nous embarque dans un univers huis-clos très prenant, mystérieux, inquiétant voire carrément surprenant où le fantastique côtoie tout aussi vite, au détour d’un couloir, l’horreur sans nom. On retrouvait déjà tous les éléments essentiels : cet univers glauque, mystérieux, intemporel ; ses Blouses Blanches, son Directeur, ses pensionnaires étranges, etc. Un jeu à ne pas mettre entre toutes les mains, pour lecteur averti, mais sa lecture en est passionnante et originale. Ce fut l’une des premières parutions de John Doe qui démontra la qualité et l’originalité de son format et de ses jeux, comme Notre Tombeau (encore d’Yno*) qui marqua également la petite sphère rôliste.

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Nains & Jardins (avril 2008) chez Caravelles (repris par les Ecuries d’Augias)

Antoine Bauza,  après s’être fait remarquer et apprécier par sa participation collaborative à Exil et de premier plan avec Contes ensorcelés rempile avec Nains & Jardins, un jeu dans lequel on joue des Nains-gents très spéciaux devant protéger la Dame Blanche (sorte de Blanche-Neige qui personnifie Mère Nature) de la Menace (les pollutions de toutes sortes). Un jeu résolument écologique, empreint de réalisme tout en étant extrêmement humoristique et drolatique. A découvrir, notamment avec son format carnet à spirales peu courant.

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CATS ! (novembre 2010) aux Editions Icare

Récemment, après une souscription atteinte, Cats ! est paru. Il permet d’y jouer un chat dans un univers proche de la Mascarade vampiresque mais avec une touche d’humour propre à cet univers où le chat est le supérieur de l’homme, l’ayant d’ailleurs conduit à croire l’inverse… quelle ruse géniale ! On sent dans sa lecture une certaine passion et connaissance de l’auteur pour les chats et de ses mœurs et habitudes, je trouve.

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Actuellement – octobre 2011 – le phénomène s’est un peu ralenti mais perdure encore avec notamment la parution récente de Würm (juin 2011) aux Editions Icare.

Würm, dirigé par son auteur, Emmanuel Roudier, également auteur et illustrateur de BD, se déroule durant la période du Würm (-35 000 avant JC). On y vivra des aventures préhistoriques teintées de fantastique et de shamanisme. Le jeu a bénéficié des somptueuses illustrations de son auteur principal et d’un travail de fond et de relecture d’une équipe dynamique provenant des Forums de la Cour d’Obéron, là où Würm a fait ses premiers pas et avait déjà fait une entrée distinguée et appréciée étant joué en conventions et dans de nombreux clubs. Il avait aussi bénéficié de suppléments amateurs et originaux des plus aboutis, notamment la rédaction d’une campagne.

Enfin, tout dernier JdRA (à ma connaissance) à rentrer dans la danse d’une parution future, on trouve le Terra Incognita de Narbeuh, ce jeu uchronique des années 1710… Un jeu dont la qualité littéraire et la structure excellente n’a pas échappé à l’intérêt des XII Singes. En août 2011, le jeu est en cours de réécriture et de relecture critique.

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Auteurs de jeux de rôle amateur, il ne faut donc pas désespérer. Votre jeu, s’il est de qualité, pourrait un jour attirer le regard d’un éditeur pro. Et alors à vous la gloire et la richesse… A l’échelle du milieu du jeu de rôle, évidemment…


Tour d’horizon du JdRA

Tout d’abord une petite définition, qui est celle reprise par Jeux d’Ombres auquel j’adhère, ça nous permettre de bien cerner les choses: par jeu de rôle amateur, on entend le JdR qui n’apporte pas de revenus à son auteur qu’il soit édité professionnellement ou à titre d’auteur.

Parler de JdRA, oui, mais lesquels choisir ? Il y en a tant, il suffit de voir l’Annuaire des JdRA présent sur Jeux d’Ombres ou la liste reprise sur le GROG ou d’autres sites et portails du genre. Il y a une multitude de genres, de sortes, un foisonnement de créativité. Du plus conventionnel au plus expérimental, du MedFan à la SF en passant par l’Horreur, l’Uchronie, le steampunk, etc.

Je choisirai de vous parler de quelques auteurs phares et vous renverrai vers l’Annuaire ou l’E-zine Jeux d’Ombres pour en découvrir d’autres qui vous plairaient. Je vous brosserai aussi quelques évènements qui ont gravité ou gravitent encore au sujet du JdRA.

On ne pourrait pas parler de JdRA sans parler d’auteurs notables et leurs jeux mémorables. N’y voyez aucune notion partisane mais le soulignement d’un travail conséquent et méritoire.

  • Olivier LEGRAND qui a produit le formidable et grandiose Imperium basé sur l’univers de Dune, un JdRA très complet et immersif ; ou Solomon Kane inspiré du personnage éponyme de R.E. Howard, mêlant action, horreur et grande aventure, tout cela à l’époque élisabéthaine – revue et corrigée par le créateur de Conan le Barbare ! De l’acier, du sang et des ombres ! Les plus jeunes ne sont pas oubliés avec Gnomes JdR, mini jeu destiné à un très jeune public, inspiré des célèbres livres sur les Gnomes.
  • JeePee a produit de nombreux JdRA courts dont Cthulhu Fhtagn et The Return of The Not Totally Dead critiqués dans Jeux d’Ombres.
  • Livre de l’Ours qui avec 10.000 révolutionne et s’inspire de l’Anabase de Xenophon en mêlant un peu épopée, jeu de rôles et progression typique d’un jeu de plateau (critique à paraître dans Jeux d’Ombres).

 

CJDRA

Une convention pour tous les rassembler. Elle a fait fureur et les beaux jours des JdRA d’antan, la CJDRA. Nombreux sont les JdRA présentés là-bas et qui ont connu la voie de l’édition. Sans compter les rassemblements, les synergies formées. On pense aux Ecuries d’Augias, au collectif Ballon-Taxi, etc.

La CJDRA, la Convention du Jeu de Rôles amateur de 2001 à 2007, a été, au cours de sept éditions mémorables, l’élément moteur de la promotion et de la mise en exergue de nombreux JdRA. Celle-ci était entièrement consacrée aux JdRA. Elle a estimé son rôle rempli et a tiré sa révérence lors de sa dernière édition en avril 2007. Cette fin n’est pas le glas qui sonne, mais davantage l’aboutissement d’un pari réussi : faire connaître et apprécier les jeux de rôles amateurs.

Par exemple, le collectif Ballon-Taxi qui a rédigé Exil s’est vu constitué après l’une de ces éditions. De même, Crimes s’y est aussi fait connaître, de même que P’tites sorcières qui a été joué de nombreuses fois. Dernièrement Cats ! et O’Weens’s y avaient fait une très bonne impression. D’ailleurs, c’est en cette occasion qu’O’Ween’s s’est vu adjoint à la phase d’incubation menée par l’association Imaginez.net. Les personnes d’Imaginez.net avaient été attirées par ce jeu durant l’une des dernières CJDRA.

Le but principal était de permettre aux auteurs de rencontrer un premier public sans qu’aucun concours ou tournoi ne soit mis en place. Le souci et la volonté de gratuité obligaient chaque année les organisateurs à dénicher des locaux spacieux et gratuits proches de Paris et d’organiser celle-ci sans grands fastes, mais l’ambiance se révèlait très décontractée et conviviale.

L’une des particularités de la CJDRA était sans conteste sa « bourse aux scénarios ». Genre de « foire » spectaculaire où chaque meneur venait présenter en moins d’une minute son JdRA afin de se constituer une table de joueurs intéressés. S’il y a plus d’appelés que d’élus, un tirage au sort était effectué pour que chacun ait sa chance.

 

Jeux d’Ombres, e-zine consacré

Le JdRA à son e-zine, Jeux d’Ombres (JdO) et son Annuaire gigantesque, dont la fonction de recherche n’est pas des plus pratiques, mais qui permet, avec un peu de temps, de découvrir de très chouettes choses.

Sans oublier le rôle premier de Jeux d’Ombres, être une lumière sur le Jeu de Rôle amateur. Un e-zine qui depuis 2003 braque ses projecteurs sur ces créations méconnues avec ses mini-critiques, son « Lumière sur.. », véritable analyse en profondeur d’un JdRA, les coulisses de la création avec des articles dédiés et des « making of » ainsi qu’un nombre considérable de scénarios et d’aides de jeu.

D’ailleurs, Jeux d’Ombres a participé au numéro #8 spécial JdRA de JDR-Magazine. Ce numéro spécial comportait pas moins d’une dizaine de critiques. Certes plus courtes mais plus nombreuses et surtout accompagnées d’un synopsis voire même d’un scénario pour se lancer dans l’aventure et vous faire préfigurer ce qu’on peut vivre comme péripéties.

Voilà aussi deux années consécutives que Jeux d’Ombres participe comme pool de jury pour le concours des Démiurges en herbes, un concours de création de JDR complet (univers, système de jeu et scénario) en une quarantaine de pages, en une quinzaine de jours de rédaction seulement ! Un véritable marathon rédactionnel et imaginatif ! On en a déjà parlé plus tôt sur l’art de l’a table

 

FFJDR et JdRA

La FFJDR tient aussi à récompenser et à souligner l’existence des JdRA en décernant un prix annuel, le Prix du Jeu de Rôle Alternatif à (depuis 2009).

Le prix est décerné à titre honorifique par la FFJDR. Il a pour objectif de porter un coup de projecteur national sur un jeu ou un supplément issu d’une sélection.
 

La suite au prochain épisode

Comme vous pouvez le constater, l’univers du jeu de rôle amateur est toujours bouillonnant. Restez branchés sur l’art de la table pour plus d’articles sur ces jeux qui n’ont parfois d’amateur que le nom…