Les hasards de la vie donnent parfois des mélanges improbables. A la faveur d’un atelier d’écriture, un MJ de longue date a rencontré une fille « bien sous tous rapports ». Pas si bien que ça, finalement, car Sandrine a fini par jouer à D&D. Avec un autre MJ, mais cela importe peu. Aujourd’hui elle rejoint l’art de la table pour nous offrir sa vision de l’itinéraire d’une fille bien sous tous rapports devenue rôliste. Une vision rafraîchissante de notre loisir. Allez, on dit tous « bonjour Sandrine »…
Avertissement : le texte suivant contient des « private joke ». Je vous prie d’ores et déjà de m’excuser si vous n’en riez pas. Mais l’occasion était trop belle pour que je la laisse passer. Que ceux qui s’y retrouvent ne m’en tiennent pas rigueur. Mais si je suis là, c’est un peu à cause de vous. Ne venez donc pas vous plaindre…
Je ne suis pas tombée dans la marmite du JdR quand j’étais une adolescente boutonneuse, comme la plupart des adeptes de ce loisir, de cette passion s’écrieront les plus fanatiques.
Certes, mais la marmite n’était tout de même jamais très loin. A l’unif (on y fait de mauvaises rencontres), elle s’est présentée sous la forme d’un camarade d’études, fort sympathique quoiqu’un peu loufoque, qui parlait régulièrement de jeu de rôle. Je me suis contentée de hocher la tête d’un air intéressé et j’ai poursuivi mon chemin sans oser me poser plus de questions. La peur de paraître demeurée, sans doute.
Au boulot ensuite, une collègue que j’affectionne particulièrement me racontait ses soirées JdR ( cette fois, je savais enfin en quoi consistait cette étrange appellation et je pouvais me rassurer : non, il ne s’agissait pas d’une obscure secte démoniaque – j’avais tort Ô combien mais cela je ne l’ai découvert que bien après !) où elle incarnait une petite sorcière. Elle parlait de son personnage avec tendresse et de ses compagnons d’aventure comme d’une bande de joyeux amis rigolards. Je ne me suis pas méfiée.
Dans ma vie de couple encore, le hasard m’a fait croiser la route d’un joueur de plateau (et oui, parce qu’il y a plusieurs catégories de joueurs !) qui avait également pratiqué à ses heures perdues, dans son jeune temps, le JdR. Et de m’inonder d’anecdotes irrésistibles sur des JdR grandeur nature (parce que certains veulent vivre VRAIMENT les aventures de leurs héros) où l’on chute d’une falaise pour se relever miraculeusement indemne et où l’on fait reculer l’ennemi au cri de « Et vous mourirez tous ! »
J’ai ri. Oui, je l’avoue.
Et j’ai murmuré si si) que ce serait peut-être sympa que j’essaye ce truc une fois. Ça avait l’air si drôle.
Bon. J’ai fait deux bébés entre temps ce qui a retardé mon instinct de suicide.
MAIS !
Je suis maman (et parfois, les tentations de suicide peuvent être très fortes quand on est maman).
J’ai joué à WoW et je me suis prise d’amour pour ma Tauren chaman.
J’ai encore croisé la route d’un rôliste au cours de mes ateliers d’écriture ( je ne le citerai pas pour ne pas le gêner mais si j’écris ces quelques mots, c’est de sa faute à lui !). Drôle, il a très vite abordé sa passion pour le jeu. M’a montré ce que pouvait donner un investissement complet dans ce domaine : rédaction de scénario, bibliothèque scandaleuse et monomaniaque, MJ de deux tables différentes et… avec des joueuses, s’il vous plaît !
Je suis rentrée à la maison et j’en ai parlé à mon homme. L’homme avait depuis quelques mois replongé dans la dépendance. Il participe à un groupe de D&D. Cela lui a donné l’envie d’être MJ (il a un fort ego et je crois que c’est une caractéristique commune aux MJ).
Il m’a proposé de monter une table de JdR pour débutants.
J’ai dit oui.
Vous avez bien lu : j’ai dit oui ! Naïve et innocente que j’étais. J’ignorais encore tout de ce qui déjà se tramait en douce dans la marmite…
.
To be continued…