Mind map et jdr: le 2e effet kiss cool

Exemple de mind mapIl y a pas mal de temps, j’introduisais le sujet des mind maps dans un article dédié à leur utilisation lors de la préparation de vos scénarios. Or, ce merveilleux outil peut également servir pendant la partie en remplaçant votre carnet de notes par une seule carte qui reprendra tous les événements marquants de la partie. L’essentiel de cet article n’est pas de voir comment prendre des notes sous forme de mind map, mais plutôt d’explorer ce qu’elles ont de supérieur à plusieurs pages de gribouillis…

Si vous débutez par cet article et ne maîtrisez pas le sujet des mind map, je vous suggère de reprendre le précédent. En effet, j’y exposais les bases du mind mapping, que je n’ai pas l’intention de répéter ici.

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La prise de notes

Vos joueurs sont de vils rôlistes, ils sont tous pareils: ils ont des idées, font des trucs imprévus, quittent les rails du scénario et vous obligent à prendre des notes au risque de vous perdre lors de la prochaine partie. Si tout ça fait partie du sel du jeu de rôle, il est important de se souvenir des actes des personnages afin de ne rien oublier et surtout de pouvoir rebondir dessus par la suite.

Commencez simplement par le titre du scénario au centre d’une page vierge. Ensuite, la mind map va se construire branche par branche au fil de la partie, selon le grand principe du mind mapping: une branche = une idée. Dans le contexte du jeu de rôle, on peut étendre un peu ce principe: une branche = une idée, une scène, un lieu, un PJ, un PNJ, une faction, etc.

Prenons l’exemple d’un scénario med-fan très très classique. C’est la première heure de la partie. Les PJ voyagent et sont sensés faire étape dans une auberge. Hélas ils semblent se diriger vers une nuit à la belle étoile. Qu’à cela ne tienne, vous indiquez qu’un orage se prépare, les forçant ainsi à choisir l’auberge que vous avez mis sur leur chemin (ne tenez pas compte de la qualité de l’exemple, on parle ici de mind mapping, pas de scénariologie). Une fois dans cette auberge, vos joueurs semblent se décider à vous faire payer cet orage. L’un se met à draguer ostensiblement la serveuse, tandis que le guerrier défie un nain éméché au bras de fer. Vous jouez ces saynètes et entamez les négociations avec le commanditaire des PJ. Ici aussi ils sont rudes avec vous et négocient une augmentation substantielle de leur prime. Vous notez rapidement cela sur votre carte, parce qu’avec toutes ces bêtises, ils est déjà l’heure de rentrer.

L’avantage principal, pendant la partie, de notes sous forme de carte c’est que vous ne devez noter que quelques mots à chaque fois. Un pictogramme, un ou deux mots, jamais une phrase complète. Le boulot de MJ est déjà assez prenant pour ne pas avoir à écrire un roman en même temps. J’ai même déjà vu des MJ complètement abandonner la prise de notes par manque de temps. Noter un mot sur la mind map ne prends jamais plus de quelques secondes, aucune raison de s’en priver, donc.

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Les bénéfices pour la suite

Voyons maintenant l’importance de vos notes lorsque vient l’heure de préparer les parties suivantes.

Premier avantage: vous avez tout sur une seule page. Vous me direz que si peu de notes tiennent aussi de manière linéaire sur un petit bout de papier. Certes. Mais imaginez que vous vouliez ajouter des notes sur un sujet déjà abordé, le nain imbibé d’alcool par exemple. Dans un texte linéaire, il ne vous resterait qu’à noter un astérisque à côté de votre première note et à reprendre le sujet plus loin. Rien de tout ça avec une mind map. Il vous suffit d’ajouter une branche à côté du nain, et le tour est joué. Après plusieurs parties, votre carte tient toujours sur une seule feuille, alors que vos notes linéaires occupent un paquet de pages de votre carnet à spirales.

L’avantage de tout avoir sur une seule page ne s’arrête pas là. Le réel bonus commence même ici: imaginez maintenant que vous préparez la cinquième partie de votre scénario, lorsque les PJ s’enfoncent dans le dernier sous-sol du donjon. Vous jetez un œil à votre carte et vous retombez rapidement sur votre note « Attention – orage ». Ceci vous permet de rebondir sur cette phrase improvisée il y a quatre mois pour forcer vos joueurs à prendre une auberge pour faire évoluer votre scénario: votre plus profond étage de donjon verra ses pièces envahies d’eau! Voilà de quoi renforcer la cohérence de votre aventure et donner un ton héroïque aux combats dans 20 à 50 centimètres d’eau. Et que dites-vous de cette scène finale où les PJ doivent fuir les catacombes qui sont victimes d’une inondation éclair? Voilà donc selon moi l’avantage principal d’une prise de notes sur mind map: vous pouvez rebondir sur divers éléments que vous auriez oublié s’ils avaient été notés dix pages plus tôt dans un carnet et ajouter ainsi des scènes et obtenir des scénarios plus riches. Dans notre exemple il ne s’agit que d’un élément de décor, mais de nouvelles scènes peuvent surgir, de nouveaux développements, des fausses pistes, des rebondissements, etc.

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Des scènes toutes prêtes

Vous le faites peut-être déjà, ou vous y pensez depuis votre lecture du dernier Casus Belli et de l’excellent article de Brand visant à briser la linéarité: vous préparez quelques petites scènes annexes que vous pouvez placer quand bon vous semble afin de redynamiser une partie ou de lui faire quitter les rails dont les joueurs commencent à se lasser. Vous pouvez bien sûr sortir ces scènes de votre petit cerveau, mais rien ne vaut une scène qui rappelle un élément déjà évoqué par le passé, toujours afin de renforcer la cohérence de votre histoire. Et où trouver ces éléments? Mais sur votre mind map pardi ! Cette carte vous offre tout ce dont vous avez besoin, sans avoir à feuilleter un carnet ou à retrouver ces feuilles volantes qui pourrissent dans le fond de votre sac, avec les restes de chipitos et les miettes des chips…

Reprenons notre (si bon) exemple. Les PJ quittent le donjon et s’en retournent au point de rendez-vous fixé par leur commanditaire. Et là, une bande de brigands les attend. Comment diantre savaient-ils qu’une bande de héros fatigués et blessés transporteraient une statuette en platine à cet endroit? Simplement parce que leur chef est un nain, qui aime se faire passer pour saoul afin de récolter des informations intéressantes. Ou peut-être que le frère de la serveuse n’a pas apprécié de voir un PJ tenter d’amadouer sa sœur et de l’emmener dans sa chambre. Ou encore, le commanditaire, peu désireux de débourser les 500 pièces d’or de prime a offert une petite somme à un groupe de brutes pour s’emparer du trésor à moindre coût. Quel que soit votre choix, il renforce bien plus la cohérence de votre scénario qu’une simple bande d’assaillants surgis de nulle part et qui sont là par hasard pour vous offrir une rencontre de plus…

Le bonheur ne s’arrête pas là. Sur votre mind map figurent aussi les idées saugrenues, mais intéressantes, sorties de la bouche de vos joueurs. Quelle joie pour eux de vous voir sortir une scène dont l’idée originale vient d’eux. Ils s’y impliqueront d’autant plus, et toute la table en profitera. Décidément ces mind maps…

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Les mind map, c’est bon, mangez-en

Au delà de la préparation de votre scénario, une mind map peut aussi être utile en tant qu’outil de prise de notes qui vous aidera dans la création de scènes annexes pour les parties suivantes. Quelle autre raison vous faudrait-il pour commencer à les utiliser? Si cela peut paraître intimidant et contre-intuitif dans un premier temps, les utiliser, croyez-moi, c’est les adopter. D’autant plus dans ce monde cruel qui fait que nos parties se font rares et que notre mémoire de rôliste vieillissant nous fait défaut…


4 responses to “Mind map et jdr: le 2e effet kiss cool

  • James Foley

    Du coup, j’aurais une question: comment rendre un scénario rédiger en Mind Map en scénario écrit ? Une piste des idées. Sa revient simplement à retranscrire le Mind Map avec ce qu’on avait inventer. Le défi pourrait justement d’éviter d’avoir un scénario « truffés » de conseils de mise en scène, pour se concentrer sur la narration.

    Ce n’est qu’un avis, mais comme je me suis mit à la technique depuis quelques temps, je m’attèlerais à transposer cela.

    Encore merci pour vos articles délicieux, bonne soirée !

    James

    • Etienne Goos

      C’est une très bonne question. Selon moi, une mind map est un outil personnel. Difficile de la refiler à un autre MJ pour qu’il mène le scénario qui y est décrit. La carte reprend la façon de réfléchir de celui qui l’a dessinée, et inclut certains détails qu’un autre MJ aurait simplement laissé de côté. Le meilleur moyen de communiquer un scénario à un futur MJ c’est donc de l’écrire.

      Je pense justement qu’un scénario écrit doit contenir les conseils de mis en scène, d’ambiance, etc. afin de donner du contexte au futur MJ qui le lit. Ce contexte est souvent absent de la mind map, d’ailleurs, ou alors il y est très réduit.

      Quand je transcris un scénario de la mind map vers le texte, je reprend l’ordre de la carte (que je commence toujours en haut à droite, ensuite je tourne dans le sens horaire), elle me donne une bonne structure. Les conseils et le contexte, je les ajoute ensuite, soit directement dans le texte, soit en encarts ou en marge.

      Ça mériterait un article complet, en fait, je m’y attèlerai bientôt.

      Merci de nous lire !

      E.

  • Raphaelle

    Bonjour,

    J’aime beaucoup votre article!!! Personnellement j’utilise le Mind Mapping de façon « traditionnelle » prise de notes (pour mes cours), mémorisation, organisation d’idées, synthétiser, analyse….
    Mon entreprise (Signos) forme au Mind Mapping des responsables de Ressources Humaines, des managers, des chefs d’entreprises, enseignants, avocats… Bref que du déjà vue! lol
    Je pense garder votre article sous la main pour le partager au moment venu. Mind Mapping et JDR…. je trouve ça trop bien et un peu plus « fun »!

    Merci beaucoup pour ce super article.

    Raphaëlle

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